Presse – Underdogs
« Underdogs est une chorégraphie virtuose et narrative qui donne un aperçu de la vie d’un groupe de personnes au bas de l’échelle sociale. Sur la base d’une série de morceaux des années 1970, on nous entraîne à travers les anecdotes. Il en va de la survie, avec le corps comme arme. La chorégraphie, qui s’inspire des styles hip-hop, est encore assez abstraite au début, mais acquiert rapidement une ligne narrative lorsque les bras des danseurs montrent des armes reconnaissables dans un langage gestuel mimétique. La violence de la vie des trois danseurs devient évidente et semble irréversible. La violence de la rue, la violence mutuelle et la violence domestique ; elles passent toutes par là. Le point culminant d’Underdogs est un long combat au ralenti entre les trois, dans lequel chaque mouvement est élaboré dans les moindres détails. Il s’agit d’une pièce de modélisation traditionnelle, parfaitement synchronisée. Cette fois, [Anne Nguyen] associe le mouvement virtuose aux émotions de la musique soul, une base parfaite pour son récit sur les classes défavorisées. Elle tente de documenter le corps de ce groupe de personnes grâce à des morceaux entiers, comme un vieux disque de l’époque. La pièce est trop narrative pour une observation neutre. Le corps doit supporter beaucoup de choses, et en même temps, c’est aussi sa plus grande fierté : la danse comme moyen de survie. […] Si cette forme de danse s’est développée, la pauvreté est restée. En ce sens, le thème d’Underdogs est et reste urgent, et les répétitions qui remplissent la chorégraphie sont aussi une réalité. [….] Cette pièce force le respect. Surtout dans sa virtuosité ; quelle performance, quels danseurs ! Et pour ce qui est du sujet, on en viendrait à souhaiter que la salle soit remplie de spectateurs qui se reconnaissent dans cette histoire. »
Theaterkrant (13 Novembre 2021)
« Dans Underdogs d’Anne Nguyen, nous suivons trois danseurs qui évoluent au gré de leurs intuitions en tant qu’individus et en tant que groupe dans un paysage urbain imaginé. Ils traversent des postures expressives, des gestes et des énergies explosives que nous connaissons du hip-hop. Tout au long de la performance, un contraste magnifique s’opère entre leurs mouvements rapides et fragmentés, et leur action au ralenti. Entre l’attente et le relâchement, et le fait d’être ballotté d’une direction à l’autre. Par moments, leur mouvement est oppressant, faisant des autres des “underdogs”, mais le pouvoir change rapidement. Sur fond de musique soul évocatrice du climat politique des années 70 aux Etats-Unis, l’énergie explosive de leurs corps s’ancre dans la nature rebelle des mouvements populaires pour la cause des sous-estimés, des laissés pour compte de notre société. Les interprètes se déplacent avec détermination et dans l’unité, tandis que chaque danseur apporte sa propre personnalité, ainsi que des témoignages d’affirmation ou de refus. »
Frascati Theater (Novembre 2021)
« […] La soirée a débuté comme un enchantement avec la Compagnie par Terre d’Anne Nguyen et son trio de danseurs totalement époustouflants, portés par une suite d’airs et de chants éloquents et magistralement orchestrés pour donner un supplément de vie, en sublimant la chorégraphie d’un protest-song géant de leurs corps ciselés, entre hip-hop, soul, jazz and love song de l’histoire américaine noire ici corsée de composition de derrière les fagots de Sébastien Lété avec, pour seul décor, des nuées savamment effilochées dans le ciel d’une scénographie à la pureté essentielle. Coup de sombrero à l’auteur de cet Underdogs qui, au festival, a servi de prologue, et à la maestria de ses artistes Sonia Bel Hadj Brahim, Pascal Luce et Arnaud Duprat. […] »
Le Journal de la Réunion (28 octobre 2021)
[…] La production d’Anne Nguyen enivre le public au point de l’assommer collectivement. Underdogs d’Anne Nguyen sur la scène en plein air isolée de Weißensee s’est avéré être un lancement de festival parfait. Tout autour, des herbes de prairie et des arbres luxuriants qui prolifèrent sauvagement, au milieu une aire de jeu avec un toit de tente – une idylle que les Underdogs français ont contrecarrée avec de puissants mouvements hip-hop. Pendant cinquante minutes, deux hommes et une femme se tiennent en équilibre au-dessus des abîmes de la vie quotidienne du ghetto. Nguyen rattache la breakdance au milieu de ses origines, à la sous-culture noire des métropoles. La soul, la funk réchauffent le tout avant que la chorégraphie ne passe au ralenti pour traduire les meurtres et les homicides involontaires, les viols et les fusillades en séquences d’images corporelles angoissantes : une bande dessinée de chair et de sang. Nguyen, issue des arts martiaux et fondatrice de la Compagnie par Terre en 2005, appartient à l’avant-garde du domaine. Ses productions sensuelles et sensibles enivrent le public au point de l’assommer collectivement. La chorégraphie s’appuie sur des leitmotivs iconiques, tels que le pistolet dans la main d’un enfant ou la statue de la Liberté, qui se dresse dans la baie de New York ainsi que sur la Seine à Paris. Sonia Bel Hadj Brahim alias Miss Liberty reste courageusement sur place, sa torche d’illumination levée vers le ciel, tandis qu’Arnaud Duprat et Pascal Luce se tapent presque la tête à côté d’elle. […]
Süddeutsche Zeitung (17 août 2021)
« Underdogs, le nouveau spectacle d’Anne Nguyen, n’est pas un spectacle. Car la parisienne, qui porte la danse urbaine sur scène depuis des années, a concocté une liste de chansons, mélange de rap et de vieux tubes de l’époque Motown. Elle met en scène chaque chanson avec des éléments du répertoire de la danse hip-hop tels de multiples courts métrage sur l’amour, la violence, la lutte. Des poings serrés dans le ciel, des doigts sur des canons de fusils, une bagarre au ralenti, mais pas de virages acrobatiques ni de sauts sauvages. Le trio, deux hommes, une femme, illustre les paroles de la chanson en se bloquant, en sautant, en posant. Une danse virtuose. […] »
Die Tageszeitung (9 août 2021)