Witch Hunting explore la volonté d’empire de l’être humain et sa capacité d’abnégation. Sur le plateau nu, six danseuses et danseurs divisés en binômes de styles de danse différents – krump, hip-hop et danses africaines urbaines – se répartissent l’espace. Sur le principe du battle, ils utilisent la virtuosité de leur danse pour délimiter leur zone d’influence et conditionner la gestuelle des autres. Les individualités trouvent des points de vocabulaire communs et convergent physiquement, consentant à s’allier contre ceux qui s’opposent au consensus élaboré. Dans des conditions où l’un ne peut gagner qu’en écartant les autres, la dynamique du bouc émissaire se joue cycliquement au profit et au détriment de chacun. Les particularités des individus se soumettent à l’emprise de la masse réunie et s’effacent pour tendre vers la conformité, dont la continuité est sans cesse remise en question par la dissidence.

Witch Hunting met en lumière les mécanismes par lesquels les groupes se forment, se dissocient et se transforment, et le principe du multiculturalisme dans le concept de la nation. En mettant en conflit des vocabulaires dansés représentant différentes visions du corps, différentes manières de communiquer et différentes visions du monde, Anne Nguyen expose les tensions entre la notion d’identité culturelle et les principes universalistes, à la lumière d’un système compétitif aux opportunités limitées.